L’IA mon ami

Article : L’IA mon ami
Crédit: Freepik
7 mai 2024

L’IA mon ami

Cet article est une invention de son autrice, le contexte et les personnages sont purement fictifs et sortis de son imagination.

Rawpix, la main d’un robot. << L’IA mon ami >>. Crédit photo : freepik.

À Pompoï, le monde médical était en souffrance. Les enfants mourraient de maladies graves et le corps médical peinait à rassurer leurs patients. Il n’y avait pas d’ami pour les consoler sur le moment. Le 23 janvier 2010, l’enfant de madame Kina était atteint de leucémie et allait doucement à sa dernière demeure. Malheureusement, les médecins de l’hôpital Sainte Marguerite n’eurent pas le courage d’affronter le regard de madame Kina pour lui annoncer le décès de son enfant en salle de chimiothérapie. Cependant, l’un des médecins s’approcha d’elle et la conduisit dans la salle où se trouvait son enfant. Perdue et désemparée, elle le prit, le couvrit d’un drap blanc, sortit dans le couloir de l’hôpital et pleura à réveiller les morts.

La douleur de cette femme m’était insupportable. « Pourquoi les parents devraient-ils enterrer si tôt leurs enfants ? », me suis-je demandé. Rien ne remplace le bonheur procuré par la présence d’un enfant. Bouleversé par la détresse de cette mère, je plongeai donc dans mes souvenirs et me rappelai d’un reportage sur John Hagel, ancien consultant spécialisé dans les technologies de l’information, que j’avais suivi à l’université et qui traitait de l’intelligence artificielle. Pendant le reportage, John Hagel eut à dire que le développement de l’intelligence artificielle pourrait être le catalyseur dont nous aurions besoin pour redécouvrir notre humanité.

Face à l’incapacité des médecins à trouver une solution et des mots réconfortants pour aider Madame Kina, je mis en place un groupe de travail avec des amis qui partageaient la même vision que moi, pour réfléchir sur la question à savoir comment humaniser le milieu hospitalier en utilisant l’intelligence artificielle ? Tout le monde était heureux de participer aux sessions de travail. Chacun de nous se sentait concerné et voulait donc apporter son expertise.

Cinq ans s’écoulèrent et nous continuions nos recherches. Certains se rendirent aux États-Unis et en Europe pour développer des algorithmes plus sophistiqués. D’autres allèrent en Asie et en Afrique pour apprendre à allier la technologie et les pratiques médicinales traditionnelles.

Après plusieurs essais, les informaticiens réussirent et créèrent enfin, un petit robot auquel il donna le nom L’IA mon ami, qui comprenait les émotions d’un être humain. Il pensait, raisonnait, analysait, apprenait de son entourage et imitait les mimiques des animaux de compagnies. De même, il était doté de logiciels ludiques pour permettre aux jeunes enfants d’oublier le mal qui rongeait leur petit corps.

Le petit robot apportait du bonheur là où il se trouvait. Nous constations en effet, que les personnes se laissaient facilement attirer, souriaient et espéraient quand il faisait des diagnostics d’une guérison certaine sur leur maladie. J’étais tellement fasciné par l’exploit de mes amis scientifiques. J’étais convaincu que nous révolutionnerions le monde médical. Mais, nous étions confrontés à des difficultés financières. Pour la fabrication d’un modèle fini de L’IA mon ami, il fallait compter dans les cent millions de Francs CFA. Malheureusement, je ne bénéficiais d’aucun financement ; nous allâmes plaider auprès des grands patrons de ce monde pour lever des fonds. Les plus intéressés nous prêtèrent l’oreille et décidèrent d’injecter des sommes colossales dans notre projet.

Dans le premier semestre de l’année qui suivit, nous reçûmes les premiers financements, qui permirent de produire les premiers robots et de les placer dans les centres de santé sélectionnés pour les phases de tests. De bouche à oreille, nous fumes sous le feu des projecteurs. En effet, la presse locale et nationale s’intéressait à nous, car nos recherches la fascinaient. Les sollicitations sur les plateaux de télévision célèbres pleuvaient. On voulait que nous parlions du projet L’IA mon ami.

Les parents et leurs enfants adoptèrent ce petit robot. Ils en firent les éloges et le recommandèrent. Nous étions tellement fiers et projetions de l’implanter sur d’autres continents. Malheureusement, notre dessein prit fin sans crier gare. Un beau matin, nous reçûmes un appel téléphonique d’un agent du gouvernement, qui nous fîmes savoir que les ministères de la Santé publique et du Numérique de notre pays nous interdisaient d’en parler et d’en faire une quelconque communication. À ce qu’il paraît, le projet menacerait la sécurité intérieure du pays. Nous risquerions de divulguer des informations.

Dans les heures qui suivirent, les Forces de défense et de sécurité encerclèrent notre laboratoire. Des hommes vêtus en noir débarquèrent, nous mirent dans un coin de la pièce, débranchèrent l’unité centrale, ramassèrent nos machines, renversèrent tous les meubles et disparurent comme ils étaient apparus. En plus, ils ne s’arrêtèrent pas là. Ils récupérèrent tous les petits robots des centres de santé. Les enfants et les parents étaient en panique. Certains patients s’attaquèrent donc à nos maisons et à nos familles. La plupart de mes collaborateurs s’enfuirent également pour éviter les représailles. Au final, mon projet, L’IA mon ami fut jeté aux oubliettes, car les autorités de mon pays craignaient l’intelligence artificielle. De plus, mes amis vendirent l’idée du projet au plus offrants. Mon téléphone ne sonnait plus. Personne ne me rendait visite. J’étais seul et endetté.

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