29 février 2024

Le grenier familial

Une femme qui remplit son sac avec le grenier familial. Crédit photo : Google

Je ne suis pas née au village et aucun de mes parents également. Là où j’étais, il n’y avait pas de grenier familial, comme ce que la maîtresse à l’école primaire nous faisait voir dans les manuels scolaires.

L’activité infantile

Dans le quartier où j’habitais, le père de Joséphine, une amie d’enfance en possédait un. En effet, la famille de Joséphine avait des champs hors de la capitale. Pendant les vacances, ils s’y rendaient très tôt le matin et revenaient le soir. Les charrettes allées vides, étaient pleines à leur retour. Je constatais qu’il y avait du haricot, de l’oseille, du petit mil, du sorgho rouge, de l’arachide et du maïs. Sa mère faisait appel aux petits enfants du quartier pour l’aider à décortiquer l’arachide et l’haricot.

C’était une activité amusante, car nous étions entre enfants et c’était l’excuse parfaite pour sortir de la maison. Après le travail abattu, la bonne dame se chargeait de remplir les deux greniers se trouvant dans sa cour. Cela marquait la fin des récoltes et le retour à la vie quotidienne. Les parents de Joséphine n’étaient pas riches. Leur habitat était modeste. Elle avait de nombreux frères et sœurs. Le travail mené par ses parents étaient très rustiques et je me demandais comment ils faisaient pour s’en sortir ? Je me rendis bien compte à cette époque, que la vie à la capitale était financièrement difficile.

Les greniers

Des greniers familiaux au village. Crédit photo : Google

En période de soudure, la famille de Joséphine faisait recours à leur réserve alimentaire pour vivre, en attendant le salaire des parents. En effet, ils se contentait du strict minimum. Les chaussures et les habits étaient sobres. Je me rappelle que j’étais celle qui les ravitaillait en sucreries ou en friandises.Les parents de Joséphine avaient conscience que leurs revenus modestes ne pourraient pas entretenir une si grande famille une année entière. Le grenier familial était cette banque alimentaire, où ils allaient puiser à leur aise.

Le sens de mon article

Quelques années plus tard, je vis que les greniers familiaux étaient rares. Cela était peut être dû à la modernité ou au fait que les propriétaires terriens sont dépossédés de leur terre.Je remarquai aussi que, le grenier familial était à présent certains membres de la famille. En effet, le bien-être d’une famille repose sur une seule personne. C’est le cas par exemple de l’aîné, du plus riche, du plus débrouillard ou du plus instruit.

Dans certaines familles africaines, au sein desquelles je passais du temps, je vis que l’avenir d’une personne peut être hypothéqué pour l’avenir « éventuel » des autres. Généralement, ce modèle de famille ne dispose pas d’une richesse laissée par des ancêtres pour subvenir à leurs besoins. Mais les membres de la famille espère à un « Messie » qui naîtra et viendra à leur secours.

Construire une vie

Des enfants près de leur grenier familial. Crédit photo : Google

La personne considérée comme le « sauveur » est limitée dans sa propre vie. En effet, cette personne met en parenthèse ses projets pour aider ses parents, ses frères, ses sœurs, ses tantes, ses oncles, ses cousins et cousines, ses neveux et nièces. Des fois, il est possible de constater que l’être concerné est le moins âgé, mais il est le plus sollicité par les plus âgés, qui sont censés aider les plus petits. Malheureusement, il est le seul qui a réussi financièrement, faisant de lui un rond-point incontournable dans la famille.

Pour un jeune homme qui voudrait construire sa propre famille, il part déjà avec des responsabilités trop lourdes pour ses épaules. Pour une jeune fille, les réalités sont les mêmes.

Pourquoi ne pas apprendre à chaque membre de la famille à aider les autres à la mesure du possible ?

Il faut noter, que tout le monde est créateur de richesse. Au sein de chaque famille, on devrait encourager l’entraide, l’apport d’idées innovatrices pour créer un empire et non appauvrir le grenier d’une personne. De nombreuses familles africaines n’arrivent pas à joindre les deux bouts, car leur espoir est basé sur une seule personne. Une situation malheureuse qui conduit parfois à la déchirure de la famille. Des frères et sœurs ne s’adressent plus la parole, car ils ont dit « non » à une requête.

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